Dans l’histoire de la lutte pour les droits des femmes, certaines personnalités sont emblématiques. C’est le cas de Gisèle Halimi et son activisme à toute épreuve.
- Portrait d’une insubordonnée par choix
Gisèle Halimi est une célèbre activiste de la cause des femmes, plutôt combattante de par sa ferveur, qui au cours de ses 93 années de vie (1927-2020) a endossé le rôle d’avocate, de militante féministe, de députée à l’Assemblée Nationale ou encore d’écrivaine, parfois simultanément.
C’est dès son enfance qu’elle manifeste un intérêt pour la rébellion et l’égalité :
- À 10 ans, elle entame une grève de la faim, revendiquant son droit à la lecture,
- À 12 ans, elle en entame une seconde car “les filles servaient les garçons”,
- À 16 ans, elle refuse un mariage arrangé et part faire ses études de droit en France.
Si en 1971 elle était encore peu connue du grand public, elle marqua l’histoire de la lutte pour les droits des femmes à peine un an plus tard dans le procès de Bobigny, et en 1978 dans celui d‘Aix-en-Provence.
- Les procès de sa vie ; les plaidoyer des nôtres
Dans le procès de Bobigny 1972, Me Halimi défend une adolescente de 16 ans, ayant eu recours à un avortement clandestin à la suite d’un viol, avec l’aide de sa mère.
L’importance de cet événement n’est pas tant le verdict prononcé mais plutôt le symbole politique porté par le plaidoyer de Me Halimi : elle condamnait une loi répressive et l’entité qui en était à l’origine : c’était l’État l’accusé.
Ce procès constituait le premier bouleversement sociétal que Me Halimi a causé en faveur de l’émancipation des femmes.
Deux ans plus tard, la loi Veil du 17 janvier 1975 légalisa l’interruption volontaire de grossesse.
À peine 3 ans plus tard, Maître Halimi défendait Anne Tonglet et Araceli Castellano ayant été victime d’un viol commis par trois hommes, quatre ans plus tôt.
Tout comme pour le procès de Bobigny, celui-ci constitua un symbole de lutte pour les droits des femmes. L’avocate refusa que le jugement ait lieu à huis clos et déclara :
“Ce n’est pas un procès de viol l’enjeu, ce n’est pas une condamnation ou un acquittement l’enjeu, l’enjeu c’est changer les rapports fondamentalement entre les hommes et les femmes”.
En effet, on constata rapidement qu’il s’agissait du procès du viol et pas simplement d’un viol. Alors, quand l’un des accusés fut condamné à 6 ans de prison pour viol alors même que la loi ne prévoyait pas une telle peine, la morale de l’époque fut bouleversée.
Deux ans plus tard, la loi du 23 décembre 1980 définissait et criminalisait pour la première fois le viol.
Paradoxalement, Me Halimi servit l’émancipation des femmes en contribuant à dépénaliser un acte en 1975, puis à en pénaliser un en 1980.
Son rôle d’avocate fut pour elle le moyen de livrer bataille contre les politiques et les morales sexistes. Ses plaidoiries allaient au-delà de phrases bien rythmées avec une belle syntaxe. Grâce à sa rhétorique elle parlait pour celles qui n’avaient pas les mots :
“Ma liberté n’a de sens que si elle sert à libérer les autres”.
Finalement, Gisèle Halimi consacra sa vie pour améliorer celles de toutes les autres femmes et marqua l’histoire de la lutte pour l’égalité. Elle nous a malheureusement quitté le 28 juillet 2020, mais sa force et sa détermination perdurera au travers de la lutte pour l’émancipation féminine.
Elle laissa néanmoins quelques directions à suivre, avant de nous quitter, afin de reprendre son flambeau.
Si vous êtes intéressé.e, son livre Une farouche liberté paru en 2020, est toujours disponible en librairie.
Article rédigé le 21/12/2023 par Zély Vadurel
Photographie de Me Gisèle Halimi lors du procès d’Aix-en-Provence © Roger Picherie / Paris Match