Le CIDFF80 est-il parvenu a rappelé que les femmes sont et ont toujours été des artistes de talent ?
Rappelez-vous, il y a un mois, nous vous annoncions l’organisation d’un évènement inédit dans le cadre du 8 mars. Il s’agissait de restaurer un tableau terni par le temps qui a vraisemblablement oublié de mentionner de célèbres femmes artistes dans l’histoire de l’art…pourtant reconnues pour leur talent de leur vivant !
Pour se faire, le CIDFF80 s’est associé au Musée de Picardie, ainsi qu’au Carmel d’Abbeville, afin de rendre un triomphe mérité à ses artistes.
À Amiens, le directeur du Musée de Picardie, Monsieur Pierre Stépanoff, et Madame Josette Guyot se sont chargés de guider les 87 participant.e.s au travers d’un parcours d’œuvres 100% féminines. Les quatre visites, ainsi que la mémoire des artistes ont ainsi été admirablement animées.
Le CIDFF80 est heureux de constater que 87% des places disponibles ont été réservées !
Voici les œuvres ayant été l’objet de tous les regards ces 8 et 12 mars :
- Constance Charpentier, La Mélancolie, 1801, huile sur toile, Amiens, Musée de Picardie.
- Aimée Brune Pagès, La Fille de Jephté, 1846, huile sur toile, Amiens, Musée de Picardie.
- Marianne Loir, Portrait de femme en divinité aquatique, vers 1750-1760, huile sur toile, Amiens, Musée de Picardie.
- Hélène Bertaux, Psyché sous l’empire du mystère, 1910, marbre, Amiens, Musée de Picardie.
- Anne-Marie Roux-Colas, Gisant de poilu, 1927, plâtre patiné, Amiens, Musée de Picardie
- Elsa sahal, Le Gilles, 2004, Céramique émaillé, Amiens, Musée de Picardie
- Valérie Favre, Robe rouge, 1995, Huile sur toile, Amiens, Musée de Picardie
Si vous n’avez pas pu vous déplacer pour participer, France 3 Picardie a dédié une partie de son émission 19/20 du 8 mars à la présentation de l’événement sous l’intitulé “8 mars: les femmes artistes à l’honneur à Amiens”. Vous y entendrez quelques avis, tous positifs, de participants interrogés, ainsi qu’un aperçu des œuvres citées plus tôt.
Du côté d’Abbeville, nous avons découvert la vie et l’influence sur la mode via la conférence sur Rose Bertin et la visite du Carmel qui se sont faites à guichet complet !
À l’instar des visites du Musée de Picardie, l’intérêt de ce 8 mars à Abbeville était d’entretenir la mémoire d’une artiste méconnue. Il était d’autant plus pertinent qu’il honorait une célébrité locale : Madame Rose Bertin, une abbevilloise devenue ministre des modes de Marie Antoinette et ayant contribué à la libération du corps des femmes de l’aristocratie au 18ème siècle.
Au Musée de Picardie nous avons pu contempler, lors du parcours guidé, des œuvres peintes et sculptées par des femmes de talent. Nous allons découvrir ensemble une de ces artistes, Hélène Bertaux!
Hélène Bertaux est une sculptrice française du XIXe siècle née à Paris le 4 Juillet 1825. Son premier mari, Augustin-François Allélit, était un sculpteur d’horloges. Elle épouse après son décès, en 1866, Léon Bertaux. Sa première exposition au Salon a lieu en 1849 sous le nom de Hélène Allélit et à partir de 1854 sous le nom de Madame Léon Bertaux. Passionnée dès ses 12 ans, elle apprend énormément. Son apprentissage se complète avec Antoine- Dumont. Entre 1840 et 1855, ce dernier lui achète de nombreuses œuvres d’art. A cette époque elle côtoie de grands sculpteurs JJ Pradier, Antoine-Louis Barye et entretient une relation privilégiée avec l’empereur. Vers 1860, elle se met à réaliser des œuvres de plus grand format. En 1863, elle obtient au Salon une Mention Honorable pour un grand relief en bronze, «l’ Assomption de la Vierge» actuellement exposé au Musée de la Cohue à Vannes. En 1864, elle s’affirme comme une véritable statuaire professionnelle et obtient au Salon sa première médaille pour un nu «Jeune Gaulois captif» que vous pouvez admirer au Musée de Nantes. Hélène Bertaux va accéder à la célébrité grâce à la commande par Monsieur Herbet-Briez, négociant en tissus, d’une fontaine monumentale pour la Place Longueville d’Amiens. La Fontaine de l’Herbet commencée en 1863 sera terminée en Juillet 1864. Cette fontaine monumentale est composée de rochers en fonte sur lesquels se tiennent une naïade et sept chérubins en bronze, le bassin fait 16 mètres de diamètre. En 1877, elle est peinte en blanc, couleur qui l’enlaidit davantage aux dires des passants. En 1873, elle obtient la Médaille de Première Classe au Salon pour sa sculpture «Jeune Fille au bain» . Cette œuvre est acquise par le Ministère de l’Instruction Publique et des Beaux-Arts. En 1889, après de longues années de réflexion sur son travail, son art est en évolution avec plus de simplicité et de sobriété. Elle réalise «Psyché sous l’Empire du mystère». Avec cette œuvre, elle est la première femme à obtenir une médaille d’or au Salon. Cette consécration officielle est une avancée immense dans la reconnaissance du statut artistique des femmes. Elle va permettre d’ouvrir les premiers cours de modelage aux femmes. Hélène devient professeure et ouvre six ans plus tard une école d’art. Psyché sous l’empire du mystère s’admire au Petit Palais à Paris !
En 1881 elle crée l’Union des Femmes Peintres et Sculpteurs qui va permettre des avancées notables pour les femmes artistes :
– 1887 ouverture de l’Ecole des BEAUX-ARTS aux femmes
– 1903 mixité du Grand Prix de Rome
Mais, malgré ses titres d’Officier d’Académie et d’Officier d’Instruction Publique pour services rendus aux Arts en tant que professeure libre, elle essuie un refus à ses deux candidatures à l’Institut. Ce qui provoquera son départ en 1894 de l’Union.
Hélène Bertaux demeure une figure emblématique des droits des femmes dans le milieu artistique et plus généralement dans la lutte pour l’égalité femme / homme. Les droits des femmes restent encore un combat de chaque jour quel que soit le domaine, dans le milieu artistique comme dans le monde du travail !!
Pour conclure inspirons nous de ce qu’écrivait Hélène Bertaux « Le temps n’est pas loin, je l’espère, où nous aurons notre Ecole des Beaux-Arts presque semblable à celle des hommes et nous offrant, avec les mêmes protections, les mêmes chances de distinctions!! »
Par ailleurs, nous remercions sincèrement France 3 Picardie pour l’importance accordée à notre événement au Musée de Picardie lors de l’émission du 8 mars 2024.
Article rédigé par Zély VADUREL